Paiements dans le métavers : (presque) tout ce que vous devez savoir

Il existe de nombreuses définitions du métavers, mais l'idée principale est celle d'une série de mondes en ligne intercompatibles et interconnectés agrémentés d'éléments de réalité virtuelle et de réalité augmentée. Onyx, l'unité blockchain de JP Morgan, le définit comme « une convergence fluide de nos vies physiques et digitales, créant une communauté virtuelle unifiée où nous pouvons travailler, jouer, nous détendre, faire des transactions et sociabiliser ». Les partisans du métavers le considèrent comme un concept évolutif. Voici en quelques mots les deux étapes de cette évolution.

L'idée qu'on se fait généralement lorsqu'on pense à un monde virtuel est celle du métavers fermé du Web 2.0, qui est constitué d'une plateforme virtuelle propriétaire ou d'une série de plateformes détenues et supervisées par une grande entreprise. Quel est le moteur de leur croissance ?

La socialisation et les jeux vidéo

Ce sont les principaux facteurs de développement du métavers et les sommes qui y sont consacrées sont astronomiques. À titre de comparaison, les dépenses mondiales consacrées à la musique ne représentent que la moitié de l'argent dépensé pour les biens virtuels, et les dépenses publicitaires pour les jeux devraient atteindre 18,41 milliards de dollars d'ici 2027. Fortnite, Roblox, Second Life et World of Warcraft sont des exemples de métavers fermés fournis par des joueurs très nombreux et centralisés.

Les plateformes du métavers du Web 2.0 vendent à leurs utilisateurs des jeux et des accessoires connexes, l'accès à des événements et expériences virtuel, ainsi que des produits virtuels comme des équipements, des apparences (en anglais skins) et des parcelles de terrain. Tout cela peut aider les utilisateurs à acheter et à vendre entre eux et à partir de la plateforme elle-même. C'est en fait comme une boutique de e-commerce. Par exemple, Battle.net, une boutique en ligne liée à World of Warcraft (abrégé en WoW), permet aux utilisateurs de recharger leur solde par le biais de divers modes de paiement traditionnels comme les cartes de débit, de crédit et PayPal. Les utilisateurs peuvent ensuite acheter des articles dans le jeu, comme des montures ou des animaux de compagnie, des services pour les personnages (augmentation de niveau, transfert entre royaumes de WoW, jeux digitaux, etc.).

Le métavers du Web 3.0, vision ambitieuse d'un monde virtuel unique, interconnecté, intercompatible et ouvert, est plus un concept hypothétique qu'un environnement pleinement concret à l'heure actuelle. Tout le monde s'accorde cependant sur certains points.

Le métavers du Web 3.0 doit être communautaire. Au lieu qu'une entreprise soit propriétaire de l'environnement, le métavers devrait fonctionner comme une organisation autonome décentralisée (DAO de l’anglais decentralised autonomous organisation) où les participants créent et appliquent des règles établies, de type Wikipédia. Il convient toutefois de noter que même Wikipédia est détenue et réglementée par la Fondation Wikipédia, qui a le pouvoir de prendre des décisions politiques à l'échelle du site (comme sa récente décision de ne plus accepter les bitcoins pour les dons). Ce qui constitue exactement la gouvernance communautaire reste mal défini à ce stade, notamment en ce qui concerne un métavers unique, multiplateforme et ouvert.

Par exemple, les gens achètent des parcelles de terrain digitales en tant que domaines immobiliers virtuels, que les propriétaires peuvent transformer en maisons personnelles virtuelles pour présenter leurs biens personnels, comme un site Web personnel, ou garder comme investissement. Cette année, selon Forbes, le prix moyen de la plus petite parcelle de terrain sur Decentraland ou The Sandbox s'élevait à environ 13 000 USD. Les utilisateurs peuvent également créer, acheter et vendre des NFT. Le transfert de valeur entre les NFT et le monde réel, ainsi que la mise en garantie des prêts basés sur les NFT, retiennent l'attention du secteur financier.

Certaines marques financières ont déjà fait des incursions dans l'un des métavers mentionnés ci-dessus, ou ont créé leur propre plateforme. JP Morgan a fait sensation en achetant un grand terrain dans le métavers de Decentraland et en ouvrant son arcade virtuelle, Onyx. En Corée du Sud, Kookmin Bank a construit une succursale VR dans le métavers en partenariat avec le développeur de contenu VR Sharebox. Les clients portant un casque peuvent accéder à des services financiers par des avatars, tandis que les avatars des employés les aident à analyser les profils risque-rendement et à concevoir des portefeuilles d'investissement. L'Industrial Bank of Korea a annoncé qu'elle allait lancer une succursale virtuelle dans le métavers de Cyworld Z. Les banques espèrent ainsi faire connaître leur marque à un nouveau public, plus jeune, habitué à passer beaucoup de temps sur des jeux de rôle virtuels et ouverts aux innovations récentes.

En plus d'établir leur propre présence dans le métavers, les banques et les fintechs peuvent jouer un rôle clé dans cet espace en identifiant les clients potentiels, en les intégrant à des portefeuilles de cryptomonnaies et en fournissant des services de paiement, de prêt et de garde. L'utilisation de NFT implique des activités de change, un domaine qu'elles maîtrisent déjà. Le métavers intègre ses propres segments de clientèle, tels que les créateurs, les joueurs, les narrateurs, les producteurs d'événements, les gestionnaires et les artistes, et tous ont besoin d'un intermédiaire entre les cryptomonnaies et les comptes bancaires en monnaie fiduciaire, car très peu de personnes sont en mesure d'utiliser des cryptomonnaies dans leurs transactions financières quotidiennes. Les institutions financières peuvent agir en tant que fournisseurs de prêts, de services de planification financière et de mise en commun des sources de revenus. La protection des actifs digitaux pourrait également constituer un canal de profit pour les banques, surtout si elles sont prêtes à assumer leurs responsabilités. Et comme pour tout autre actif, les banques peuvent proposer leur expertise en matière de gestion des risques, de conformité, de fraude et de protection des données pour protéger les actifs digitaux des utilisateurs dans le métavers.

N'oublions toutefois pas que les activités liées aux métavers du Web 3.0 en sont à un stade conceptuel et préliminaire. Comme pour toute innovation, il reste de nombreuses questions à examiner et à étudier plus en détail pour garantir que le parcours client soit non seulement intéressant, mais aussi sûr et fiable. C'est là que le secteur des services financiers a probablement plus d'expérience que tout autre secteur industriel.

Et ensuite ?